Incendie de l’usine Lubrizol
Incendie de l’usine Lubrizol
Des hydrocarbures dans la poussière domestique.
L’UFC-Que Choisir a prélevé des poussières avant et après l’incendie de Lubrizol chez une famille qui vit à Mont-Saint-Aignan, une commune résidentielle qui surplombe Rouen. Nos résultats sont sans appel, l’impact de l’incendie du site classé Seveso est bien réel.
Mont-Saint-Aignan se situe à quelques kilomètres au nord de l’usine Lubrizol, et comme beaucoup d’autres, la ville a subi de plein fouet l’immense panache de fumées noires provoqué le 26 septembre 2019 par l’incendie du site industriel classé Seveso seuil haut.
Par chance, si l’on ose dire dans une telle situation, l’observatoire de la pollution intérieure mis en place par le fonds de dotation de l’UFC-Que Choisir avait lancé une campagne nationale d’analyses de poussières de logements, et une famille de Mont-Saint-Aignan y participait.
Nous avions donc les résultats de ses prélèvements de poussières effectués en juin 2019, et nous l’avons contactée après l’incendie de Lubrizol pour faire à nouveau analyser ses poussières. Elles ont été collectées le 10 octobre dernier, soit 14 jours après l’incendie. Le laboratoire spécialisé en analyses chimiques ayant d’autres priorités bien légitimes à ce moment-là, les résultats ont un peu tardé mais ils sont très instructifs.
Hydrocarbures lourds
Les prélèvements effectués 15 jours après l’incendie de Lubrizol attestent de la présence de nombreux hydrocarbures lourds, or ils ne font pas du tout partie des polluants habituellement retrouvés dans les logements. Il s’agit là d’une pollution intérieure provoquée par l’incendie du complexe industriel Seveso. Ce qui s’explique par la grande quantité d’huiles minérales, issues du pétrole, stockées sur le site.
Retardateur de flamme
Autre composé très présent dans les poussières, un retardateur de flamme phosphaté. Entre les analyses de poussières faites en juin et celles qui ont été effectuées courant octobre, ses teneurs ont explosé, elles sont 10 fois plus élevées et tout à fait anormales pour une habitation. Là encore, cette pollution semble directement liée à l’incendie de Lubrizol. Après vérification, les pompiers n’ont pas utilisé de retardateurs de flamme, mais des émulseurs, pour éteindre l’incendie. En revanche, il est probable que des matériaux qui ont brûlé étaient traités aux retardateurs de flamme. De son côté, le laboratoire Ires a réalisé des prélèvements par lingettes début octobre à Rouen, Bois-Guillaume et Mont-Saint-Aignan. Ils ont été effectués sur une vitre, un balcon, une table extérieure, de la pelouse, un velux, une porte d’entrée, un meuble et une table d’intérieur. Ses résultats ont notamment mis en évidence des hydrocarbures "qui peuvent être considérés comme des marqueurs de la pollution de l’incendie de l’usine Seveso de Lubrizol". Le laboratoire précise même que "du fait de leur faible solubilité dans l’eau", cette pollution devrait être persistante.
Conseils Les jeunes enfants sont particulièrement exposés aux polluants des poussières. Quand ils jouent par terre ou marchent à quatre pattes, ils les respirent à pleins poumons. Quand ils mettent facilement la main ou des objets à la bouche, ils en ingèrent. Pour les protéger des hydrocarbures, Que Choisir conseille à toutes les familles qui ont eu leur logement survolé par le nuage noir des fumées de Lubrizol de passer l’aspirateur très régulièrement et de compléter sur les sols lisses avec une serpillière ou un chiffon microfibres humide afin d’obtenir un dépoussiérage parfait.